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Pour réussir votre carrière, épousez un mec sans ambition

Pour réussir sa vie professionnelle quand on est une femme, bien choisir son conjoint dans le cadre d’un couple hétérosexuel est capital…

Épouser quelqu’un avec moins d’ambition professionnelle que moi ? C’est quoi ce conseil pourri, pensez-vous peut-être après avoir cliqué, intriguée, sur le titre de cet article.

Commençons d’abord par un mea culpa, ce titre est volontairement provocateur mais il ne faut pas le prendre comme une injonction à se marier ni à être en couple. Chacune fait bien ce qu’elle veut.

Par contre, si vous êtes une femme hétérosexuelle et que vous avez envie de mener une vie professionnelle épanouissante et de fonder une famille, alors ce conseil n’est pas si déplacé.

Comment choisir le bon conjoint pour réussir sa vie professionnelle

Pour réussir sa carrière, choisir un compagnon qui ne fera pas systématiquement passer son boulot avant le vôtre et qui s’occupera (au moins) à 50% des enfants est crucial.

En effet, selon une étude publiée dans la Harvard Business Review, ce n’est pas le manque d’ambition ou la maternité qui freinent les femmes dans le monde du travail, mais bien le fait d’avoir un partenaire qui considère sa carrière comme prioritaire.

Robin J. Ely, Pamela Stone et Colleen Ammerman ont interrogé plus de 25.000 diplômé·es de la Harvard Business School de tout âge pour en apprendre plus sur leurs parcours professionnels.

Leur premier constat est sans appel : les femmes sont moins satisfaites de leur vie professionnelle que leurs homologues masculins, et ce, même chez les jeunes générations. 

« Alors que 50% à 60% des hommes parmi les trois générations (Baby-Boomers, Génération X, Génération Y) se déclarent extrêmement satisfaits ou très satisfaits de leur vie professionnelle, en termes de sens, d’accomplissements, d’opportunité et d’équilibre avec leur vie privée, seulement 40% à 50% des femmes se déclarent satisfaites sur ces mêmes dimensions ».

La maternité, responsable du plafond de verre ?

Les chercheuses ont par ailleurs noté que les femmes étaient moins nombreuses à occuper des postes à responsabilité que leurs ex-camarades de classe, alors même qu’elles ont le même diplôme qu’eux.

L’un des arguments classiquement avancé pour expliquer ce plafond de verre est que les femmes mettraient sur pause leur carrière le temps d’élever leurs enfants, créant un décalage avec les hommes impossible à rattraper. Une explication qui ne tient pas pour les chercheuses.

« Quand les femmes très diplômées quittent leur boulot après être devenue mère, seule une petite proportion le fait pour se consacrer exclusivement à la maternité, la vaste majorité démissionne à contre-coeur parce qu’elles se retrouvent dans des postes peu épanouissants et sans perspectives d’évolution.

L’idée qu’elles ne sont plus des profils sur lesquels miser leur est renvoyée de manière plus ou moins subtile : on les stigmatise pour avoir demandé plus de flexibilité ou des horaires aménagés, on leur refuse des promotions auxquelles elles auraient pu prétendre voire même on leur retire des projets qu’elles géraient auparavant. »

Non seulement les femmes ne se mettent pas en retrait volontairement dans la sphère professionnelle au moment de la naissance de leurs enfants, mais en plus, le fait d’avoir ou non des marmots ne semble pas être un facteur déterminant en matière de réussite dans le monde du travail selon les chercheuses.

Toute chose égale par ailleurs, les parents n’ont pas moins de responsabilités professionnelles que les childfree.

La carrière des femmes plus susceptible de passer au second plan

La vraie explication repose selon elles sur le fait que les femmes sont plus susceptibles que leurs collègues masculins de voir leur carrière passer au second plan. Par exemple, ce sont plus souvent les femmes qui démissionnent pour suivre leur conjoint qui a une opportunité professionnelle.

Une analyse partagée par Sandrine Meyfret, dirigeante du cabinet Alomey, sociologue et autrice du livre Le couple à double carrière.

« Ce qui ralentit les carrières des femmes, ce sont les injonctions et les préjugés. Par exemple, lorsqu’on est marié avec quelqu’un qui pense que sa carrière est forcément prioritaire parce qu’il est un homme. »

Ce problème est d’autant plus criant qu’il existe dès le diplôme un décalage entre les attentes des femmes et ce qu’elles vont réellement vivre, d’après l’étude de la Harvard Business Review.

Si la moitié des femmes issues des générations des baby boomers (nées avant 1965) et X (nées entre 1966 et 1982) se retrouvent aujourd’hui dans des couples où les carrières sont d’égales importances, 40% d’entre elles sont dans un mariage où le boulot du conjoint est prioritaire.

Or, elles n’étaient que 20% environ à déclarer qu’elles s’attendaient à ce que cela soit le cas quand elles ont été diplômées.

Il existe donc un nombre conséquent de femmes qui ont vu leurs espoirs de couples égalitaires se fracasser contre le mur de la réalité.

Et seul un tout petit pourcentage de couples déclarent que c’est la carrière de la femme qui est prioritaire.

« Je gagne plus donc mon job est plus important »

Ce décalage entre les attentes des femmes très diplômées et la réalité explique certainement en partie leur insatisfaction vis-à-vis de leur vie professionnelle. À moins que cela soit le fait de ne pas avoir un poste à la hauteur de leurs espoirs, qui les poussent à s’effacer derrière la carrière de leur conjoint. L’œuf, la poule, tout ça…

Dans tous les cas, il est certain que la situation fonctionne comme un cercle vicieux et qu’il est très difficile d’en sortir, comme l’analyse Christine Naschberger, enseignante-chercheuse à l’école de commerce Audencia, spécialiste des questions de la gestion de la diversité.

« Les inégalités salariales font que les hommes gagnent plus, même à poste égal, donc ça joue dans les arbitrages que font les couples. Et souvent, la personne qui gagne moins d’argent va s’investir plus à la maison.

On risque alors de se retrouver dans un schéma avec des rôles figés : le « breadwinner » (celui qui rapporte l’argent) et le « caregiver » (celui —souvent celle— qui prend soin du foyer). »

« Où te vois-tu professionnellement dans dix ans ? »

L’étude de la Harvard Business Review a de nombreuses limites (elle ne parle que de couples ultra-diplômés et aisés et part du principe que toutes les personnes interrogées sont en couple hétéro, faute d’infos sur ce point), mais elle a le mérite de mettre en lumière un enseignement important.

Pour réussir à faire carrière et à mener une vie professionnelle qui nous satisfait, il vaut mieux choisir un conjoint féministe qui ne pense pas que son boulot est systématiquement plus important que le nôtre.

Quand on démarre une histoire d’amour, ce sont des questions que l’on devrait sans doute aborder rapidement, et tant pis si cela sonne un peu comme un entretien d’embauche…

Où te vois-tu professionnellement et personnellement dans dix ans ?

Est-ce que tu serais prêt à démissionner pour me suivre dans une nouvelle aventure ?

Est-ce que tu te sens capable de prendre en charge la logistique de la maison si un jour je dois me consacrer à 150% à la création de mon entreprise ?

Est-ce que tu as prévu de prendre un congé parental ou d’aménager tes horaires si un jour nous avons des enfants ? 

En fonction des réponses, vous pourrez mieux savoir si vos aspirations sont compatibles ou pas.

Choisir quelqu’un avec moins d’ambition professionnelle : une fausse bonne idée ?

Si on a beaucoup d’ambition professionnelle soi-même est-ce qu’il ne serait pas plus simple finalement d’être en couple avec quelqu’un qui n’en a pas trop ? Et qui serait prêt à moins bosser que nous ?

Nous avons posé la question à la sociologue et executive coach Sandrine Meyfret, déjà citée précédemment dans l’article.

« Se marier avec quelqu’un qui a moins d’ambition que soi, cela ne résout pas forcément tout, et ça peut même rajouter de l’énervement. Notamment si on s’attend à ce que l’autre en fasse plus dans la sphère privée et que cela n’arrive pas.

J’ai en tête plusieurs exemples de couples où les hommes ont moins d’ambition professionnelle que leurs conjointes, mais où ils n’ont pas pour autant allégé la charge mentale et les journées à rallonge de leurs conjointes.

À l’inverse, il y a des études qui montrent que quand on a des ambitions professionnelles similaires, il y a un meilleur partage des responsabilités dans tous les domaines. »

Se faire la courte échelle et apprendre à communiquer

Ces duos aux fortes ambitions professionnelles sont ceux que Sandrine Meyfret a étudié dans son livre Le couple à double carrièreElle y donne quelques pistes pour celles et ceux qui voudraient mener ce genre de vie.

La première étant de se faire la courte-échelle.

« Ce sont des couples qui se passent le relais : là c’est mon tour, je viens de prendre un poste important, est-ce que tu peux gérer la maison pendant quelques mois ?

Ils s’entraident et vivent leur vie professionnelle avec des “temps de carrière” : des pauses, des ralentissements et des accélérations.

L’idée étant d’être à chaque fois dans le choix et la communication plutôt que dans la frustration. Ce sont des couples où il y a beaucoup de respect des ambitions de l’autre, et beaucoup de discussions autour de ces ambitions pour qu’il n’y ait pas une carrière qui prenne le pas sur l’autre. »

Pour réussir cet exercice d’équilibriste, il faut bien sûr beaucoup communiquer à deux, savoir analyser ses préjugés et stéréotypes et pouvoir faire preuve de souplesse pour s’adapter à chaque changement majeur, comme l’arrivée d’un enfant.

« Il faut aussi réussir à se montrer ferme vis à vis des injonctions sociétales. Savoir remettre les points sur les i avec l’école qui appelle la mère quatre fois de suite alors qu’on a dit d’appeler le père d’abord. Et ne pas baisser les bras dans un monde où l’on continue de dire “l’heure des mamans” pour parler de la sortie des classes », conclut Sandrine Meyfret.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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