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Règlement de comptes

Léa, 580€/mois en service civique : « Je gère mon budget au millimètre »

Combien gagnez-vous par mois ? Comment dépensez-vous cet argent ? Qui paye quoi ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons dans notre rubrique Règlement de comptes !

Le 4 mars 2021

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes, des femmes viennent éplucher leur budget et nous parler de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Léa (le prénom a été modifié) qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.

  • Prénom d’emprunt : Léa
  • Âge : 22 ans
  • Métier : diplômée d’une licence professionnelle en communication, fait un service civique au sein d’une association
  • Salaire : 580€ par mois
  • Famille : Son compagnon avec qui elle vit et leurs deux chats
  • Lieu de vie : Un appartement dans une ville normande

Les revenus de Léa et de son conjoint

Depuis cet été, Léa fait un service civique au sein d’une association en Normandie. Une mission qu’elle a acceptée par défaut à la fin de sa licence professionnelle en communication.

« Faire un service civique, ce n’était pas tant une vocation ou un souhait, mais plutôt le besoin de faire quelque chose et de gagner de l’argent pour pouvoir payer mon loyer. Je suis donc, depuis septembre 2020, et jusqu’à mai 2021, en service civique pour une association.

À l’origine, mes missions tournaient autour de la communication pour deux festivals. Ces derniers se déroulaient de mi-octobre à fin novembre, autant dire que je n’en ai pas vraiment vu la couleur.

Je savais en acceptant ce service civique que ça serait la précarité, mais mieux valait un peu d’argent que rien du tout. Si j’avais su à l’époque la nature des tâches que j’effectuerais, je n’aurais surement pas signé. Cette somme est trop dérisoire pour le travail réalisé, mais je reste, car les offres d’emplois sont rares. J’ai beau postuler, les réponses sont négatives, et je ne peux pas me permettre de faire un trait sur ce revenu. »

Chaque mois, Léa perçoit 580€ dans le cadre de son service civique. Une somme à laquelle viennent s’ajouter une pension alimentaire (« cela a des avantages parfois d’avoir des parents divorcés », me dit-elle), et 328€ d’APL (Aide Personnalisée au Logement).

Son compagnon, avec qui elle vit, reçoit également une pension alimentaire et un salaire de 1.200€ en tant qu’apprenti.

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L’organisation financière du couple

Léa et son conjoint ont chacun un compte bancaire personnel et se font des virements entre eux pour équilibrer les dépenses communes qu’ils ont décidé de diviser en deux parts égales, même si le compagnon de Léa gagne aujourd’hui plus d’argent qu’elle.

« Mon compagnon aura dès août un prêt de 40.000€ à rembourser, à hauteur d’environ 600€ par mois. Ainsi, ce qu’il met de côté aujourd’hui, c’est pour éviter la précarité qui pourrait aller de pair avec ce remboursement conséquent (surtout si la société où il est en alternance ne le garde pas à la fin de son contrat, mais ne parlons pas de malheur). Ça nous parait donc logique pour le moment de fonctionner comme ça.

Évidemment, si je suis en difficultés financières, il prendra en charge une plus grande part des dépenses que je rembourserai le jour où les finances iront mieux et vice versa, mais cela ne risque pas tant d’arriver, car étant de nature plus économe, mon compte en banque est finalement en meilleure santé que le sien. »

Les dépenses fixes (loyer, électricité, internet…) tombent chaque mois sur le compte de Léa et son conjoint lui fait un virement pour lui rembourser la moitié des charges. Au quotidien,  le couple utilise l’application Tricount qui permet à chacun de comptabiliser ses dépenses. Ensuite, au moment des courses, c’est celui qui a des dettes qui règle la note pour rééquilibrer la balance.

« Pour le moment, ce mode de fonctionnement nous convient parfaitement. Nous aimons avoir une vision sur ce nous dépensons. Le compte commun ne nous intéresse pas du tout : nous n’en voyons pas l’intérêt vu la facilité aujourd’hui pour faire des régulations avec des virements quasiment instantanés.

Ce fonctionnement nous permet aussi de ne pas avoir à justifier telle ou telle dépense “plaisir” puisque celle-ci n’impacte que le compte personnel de celui qui l’a faite. »

Des dépenses très limitées, surtout en période de pandémie

Après avoir passé trois ans en relation à distance, le couple s’est installé en septembre dans un appartement dans le centre d’une ville normande. Le loyer est de 590€ et ils perçoivent 328€ d’APL. Les deux vingtenaires ont choisi un appartement qui leur plaît, mais qui leur permet aussi d’assumer leurs charges fixes sans être en déficit par rapport à leurs salaires.

Ils dépensent également peu à côté, surtout en cette période de pandémie.

« Aujourd’hui, nos seules dépenses sont dans notre logement et la nourriture, puisque tout est fermé dehors et que nous ne faisons pas les magasins.

Nous avons vécu la majorité de notre relation en étant étudiants, à compter les sous, à réfléchir si telle dépense est raisonnable, à faire des écarts quand on se voyait pendant le weekend pour se serrer la ceinture après.

Actuellement, la situation est moins difficile qu’elle ne l’a été, mais nous avons toujours la même mentalité : essayer de se faire plaisir une fois dans la semaine, et le reste on fait dans ce qu’on peut. Se faire plaisir consistant en ce moment à manger une raclette le samedi soir par exemple, rien de grandiose non plus. »

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L’épargne et le rapport à l’argent de Léa

Avec son budget serré, Léa n’a pas beaucoup de marge de manœuvre pour épargner, en plus du versement mensuel automatique sur son Plan Épargne Logement. Heureusement, elle a réussi à mettre de l’argent de côté grâce à ses jobs d’été. 

« Je réussis moins à économiser actuellement que lorsque j’étais étudiante. J’ai plus de dépenses en termes de loyer qu’avant, et mon service civique me rapporte finalement moins que ce que je pouvais avoir avec mon APL et ma bourse étudiante il y a de cela un an.

Cette situation devrait cependant changer, car nous avons enfin reçu (après 4 mois d’attente !) notre APL, ce qui change énormément la donne pour moi. »

Lorsque je demande à Léa quel rapport elle entretient avec l’argent, elle m’explique qu’il est plutôt ambivalent.

« D’un côté, je souhaite vivre hors du modèle capitaliste qui incite à toujours plus amasser, pour autant, j’ai conscience que dans le monde actuel, il est difficile de vivre dans cette optique.

De l’autre, j’ai peur de manquer et je gère mon budget au millimètre, ce qui m’a permis de ne jamais être à découvert une seule fois dans ma vie, mais cela a aussi signifié parfois ne manger qu’un repas dans la journée, ou que des pâtes pour finir le mois. »

Si le compagnon de Léa a un rapport plus terre-à-terre à l’argent, le sujet n’a en tout cas jamais été un sujet de dispute entre eux. Ils sont très transparents sur leurs revenus et dépenses respectiveset abordent régulièrement le sujet.

« On sait qu’on n’a pas besoin de gagner des fortunes pour être heureux, ce qui ne nous empêche pas de parler de la situation actuelle, de la précarité, mais on relativise, on est ensemble et c’est le principal pour nous. »

Merci à Léa d’avoir accepté de répondre à nos questions !

Notre série Règlement de comptes
Retrouvez tous les épisodes de Règlement de comptes ici !

Pour participer à la rubrique, écrivez-nous à l’adresse daronne[at]madmoizelle.com en indiquant en objet « Règlement de comptes » et en vous présentant en quelques lignes.

Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.

Crédit photo : Dziana Hasanbekava / Pexels


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Les Commentaires

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Avatar de Kaktus
20 août 2021 à 17h08
Kaktus
Dans les services civiques, j'ai vu les deux extrêmes :
- Des annonces exigeant des diplômes (alors que c'est interdit), avec des structures qui prennent des bac +5 pour travailler 35h sur des missions demandant de solides compétences professionnelles, le tout en enchaînant les volontaires. Bref, des contrats de service civique pour remplacer des CDI quoi. Le pire c'est que je connais une personne qui était très contente car "j'ai appris plein de choses". Ouais sauf que tu aurais pu les apprendre en ayant un vrai contrat de travail et un vrai salaire. Ne pas tout savoir et apprendre des choses ne veut pas dire qu'on est nul et qu'on ne mérite pas de salaire. Le service civique n'est pas là pour s'offrir des travailleurs opérationnels à moindre frais, c'est là pour permettre à des jeunes d'acquérir des compétences, de se sentir utile, de découvrir ce qu'ils aiment ou pas, etc.
- Des volontaires qui n'en foutaient pas une, ne prévenaient jamais de leur retard, ne prévenaient pas quand ils/elles avaient décidé de ne pas venir (!), qui exigeaient qu'on leur paye à manger même pour des missions en dehors des heures de repas, qui faisaient la gueule comme si on les avait obligés à venir, qui se plaignaient des horaires alors que c'était leur choix de s'investir dans une mission avec des horaires de nuit, qui partaient plus tôt pour bosser au noir ailleurs tout en cumulant le RSA et en étant hébergé à titre gratuit (du coup, y en a une, entre son indemnisation de service civique, son RSA et son travail au noir, elle touchait plus que moi tout en travaillant moins d'heures et sans avoir à payer de loyer. Et quand elle a appris qu'elle touchait plus que moi, vous savez ce qu'elle fait ? Elle. A. Rit.).
Bref, y a de l'abus des deux côtés et j'ai peine à croire que plus de la moitié des gens y trouvent vraiment leur compte.
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