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"Image tirée du film Bridget Jones Baby / Copyright Universal studios, studiocanal et miramax."
Grossesse

La loterie de la grossesse, entre corps qui change et hormones en folie

La grossesse est une expérience personnelle qui est vécue différemment par toutes les femmes. De l’épanouissement le plus total au ras-le-bol général, voici à quoi s’attendre lorsqu’on tombe enceinte.

Chaque femme enceinte vit une grossesse unique, avec de jolis hauts mais aussi, dans de nombreux cas, avec des bas très bas. Personne ne peut prévoir à l’avance la façon dont son corps réagira pendant les neuf mois où il créera la vie. C’est ce qu’on appelle la loterie de la grossesse, et clairement, tout le monde ne tire pas le ticket gagnant.

Pour m’aider à rédiger cet article, j’ai proposé aux Rockies abonnées à la newsletter de me raconter leurs grossesses, leurs joies, leurs peines, leurs peurs, bref, tout ce qui a précédé la rencontre avec leurs enfants. Je les remercie pour leurs témoignages bruts et criants de sincérité.

La grossesse, une prouesse intérieure qui se voit à l’extérieur

Dès la fécondation, le corps se met à fonctionner différemment. Ces modifications de l’organisme peuvent entraîner des réactions plus ou moins désagréables en fonction des individus : certaines passent inaperçues alors que d’autres paraissent exacerbées. La loterie de la grossesse commence là et il est impossible de savoir à l’avance à quelle sauce on sera mangée, que ce soit pour le premier comme pour le cinquième enfant car, comme aime à le rappeler le corps médical, « toutes les grossesses sont différentes »

La fatigue, les maux de ventre ou encore les nausées sont les premiers symptômes d’une grossesse. L’hormone hCG, produite par l’embryon, est suspectée d’être responsable de ces maux qui ressemblent parfois aux signes prémenstruels. Certaines femmes peuvent aussi souffrir de brûlures d’estomac, d’aérophagie et même de constipation à cause du ralentissement de tous les muscles du système digestif et de l’intestin. D’autres cadeaux de Mère Nature comme des crises d’hémorroïdes, des troubles urinaires et des soucis de circulation sanguine peuvent aussi apparaître plus tard dans la grossesse.

« Je passe le plus clair de ma journée à retenir mes pets »  L’aérophagie, l’une des petites surprises de la grossesse.

Si la plupart de ces désagréments s’atténuent après le premier trimestre de grossesse (pour parfois mieux revenir en fin de course, les salauds !), certaines femmes auront la surprise de ne rien ressentir du tout, tandis que d’autres joueront les cumulardes et n’auront aucun moment de répit pendant neuf mois.

Les chanceuses… et les autres

Chloë, maman d’un petit bout de 4 mois et demi, estime qu’elle a eu de la chance :

Pour cette première grossesse, j’ai eu peu de désagréments physiques : je m’étais préparée à avoir de l’acné, des vergetures, des nausées, même à rester alitée… et presque rien de tout cela n’est arrivé ! J’ai eu des petits problèmes de digestion et quelques nausées lorsque j’était très fatiguée, mais ces petits maux ne m’ont pas empêchée de travailler jusqu’à trois semaines avant le terme annoncé, de conduire ma voiture et de voyager un peu.

A contrario, Julie, qui a deux enfants, considère que « certaines femmes sont faites pour la grossesse », mais pas elle :

Pour la première, j’ai souffert du syndrome des jambes sans repos. Mes jambes bougeaient toutes seules pendant mon sommeil et j’avais des fourmis tout le temps. Je ne dormais plus et j’étais épuisée. Pour la seconde grossesse, j’ai innové avec une menace d’accouchement prématuré. Quelle joie de passer le nouvel an à l’hôpital et ensuite de ne plus avoir le droit de quitter le lit jusqu’à 37 semaines de grossesse !

Un état qui nécessite un suivi de santé régulier

Dans certains cas, la grossesse peut aussi révéler (et aggraver) des maladies qui, si elles ne sont pas traitées à temps, risquent de s’avérer dangereuses pour la mère et son petit passager. Des infections comme la toxoplasmose ou encore le virus Zika, qui, en temps normal, n’entraînent que des réactions bénignes de l’organisme, peuvent aussi avoir de graves conséquences sur le développement du foetus. Elles nécessitent une prise en charge et un suivi particulier.

Image d'erreur

« Alors, là il y a 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,… 11 doigts de pied ! »

Anne-Ty, qui n’était pas immunisée contre la toxoplasmose, a appris qu’elle avait été contaminée à son 5e mois de grossesse :

De façon complètement absurde, alors que je n’avais pas de chat à ce moment là, que je faisais très attention à ne pas manger de viande pas assez cuite, et que je lavais ma salade au vinaigre, une prise de sang a révélé que j’avais la toxoplasmose.

Je me suis donc retrouvée sous traitement pour qu’elle ne traverse pas le placenta, avec l’épée de Damoclès de ne pas pouvoir garder le bébé. La toxo a aussi impliqué une douloureuse amniocentèse. Bref, pas la joie. Heureusement, tous les examens ont indiqué que ça n’avait pas l’air d’avoir contaminé le bébé, et ma fille est née en parfaite santé.

En plus de tous les petits et gros soucis de santé qui peuvent rythmer les neuf mois de grossesse, d’autres changements physiques, s’ils sont mal acceptés par la femme enceinte, n’ont pas leur pareil pour miner un moral déjà en dents de scie.

Un corps qui change pour le meilleur comme pour le pire

Qui n’a jamais entendu parler du « pregnancy glow», cette fameuse aura de la femme enceinte, si belle, si épanouie et à la peau si douce ? Tous les vieux livres consacrés à la grossesse vantent la jolie mine, les cheveux brillants et les seins rebondis de celles qui portent la vie. Si certaines profitent effectivement d’un petit shoot de confiance en soi dû à la bonté de Mère Nature, d’autres ont plus l’impression d’avoir été oubliées (et même maudites) par la bonne fée du glow.

Jennifer, qui n’a pas spécialement souffert d’acné pendant l’adolescence, a eu du mal à se reconnaître pendant sa grossesse :

Des kystes pouvant atteindre la taille d’un ongle de pouce déformaient mon visage, principalement au niveau de la mâchoire et sur le front. Mon dos, mes épaules, mon décolleté jusqu’à la naissance des seins… Tout le haut de mon corps était transformé en champ de mine. Je fuyais les miroirs, les amis et les sorties. Je ne voulais plus être touchée par mon compagnon. Le matin, en sortant de la douche, je pleurais en contemplant le désastre.

Heureusement, l’acné a cessé après mon accouchement, mais aujourd’hui encore je ne parviens pas à regarder les photos de la maternité, surtout celles où je ne suis pas maquillée. Je suis vraiment… méconnaissable.

Personnellement, je n’ai jamais eu les cheveux aussi gras qu’en étant enceinte. Oui, il est vrai que je les perdais moins que d’habitude, mais je devais les laver tous les jours tellement mes racines luisaient de sébum en fin de journée.

Une transformation du corps parfois irréversible

Il n’y a pas que le visage ou les cheveux qui peuvent subir les modifications hormonales de l’organisme. Le chamboulement interne qu’est la grossesse a des répercussions esthétiques qui peuvent toucher toutes les zones du corps : le ventre, évidemment, mais aussi les seins et les jambes. À nouveau, toutes les femmes ne sont pas logées à la même enseigne. Toutes ne vivent pas non plus de la même façon ces manifestations extérieures du « miracle » qui se passe à l’intérieur.

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C’est à ça que je ressemble ?

Pour Salima, voir la peau de son ventre craquer à la fin de sa grossesse a été riche en émotions, le témoignage d’un long parcours qui touchait enfin à sa fin :

Avec mon mari, on a mis près de trois ans pour concevoir notre premier enfant. Vers mon huitième mois de grossesse, malgré les huiles et les baumes nourrissants, des stries rouges ont commencé à apparaître sur mon ventre, sur mes hanches et dans le bas du dos. Arrivée au terme, elles avaient recouvert toute une partie de mon corps, comme une large ceinture qui venait protéger mon ventre et le mettre en valeur.

Ces vergetures, je les ai accueillies comme un cadeau, un signe que nous y étions presque et que ces longs mois d’attente n’avaient pas été vains. Ce ne sont pas des cicatrices de guerre mais leur symbolique s’en rapproche : aujourd’hui, elles me rappellent notre premier combat pour avoir un bébé.

Voir son corps se transformer pendant la grossesse et mal le vivre

Une autre lectrice de Rockie, qui préfère rester anonyme, a quant à elle très mal vécu de voir son corps se transformer, surtout ses seins :

J’ai toujours pris grand soin de ma poitrine et j’en étais plutôt fière. Avec ma grossesse, j’ai vu mes seins se déformer, s’alourdir et s’affaisser. Mes mamelons se sont beaucoup élargis aussi. Je n’aime plus trop l’image que me renvoie le miroir et je compte bien passer par la case chirurgie esthétique dans quelques années.

Si les modifications corporelles sont l’expression la plus visible d’une grossesse, son pendant psychologique n’est pas à négliger. C’est le corps qui donne la vie, mais c’est la tête qui fait qu’on devient mère.

La grossesse, un chamboulement du corps mais aussi de l’esprit

Selon une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique Nature Neuroscience, la grossesse modifierait l’architecture du cerveau de la femme afin de favoriser l’attachement de la mère à son enfant à naître.

Concrètement, les chercheurs ont observé une diminution de la matière grise dans les régions du cerveau associées aux facultés sociales. Ils supposent que cette perte serait liée à un processus d’adaptation en vue de prendre soin du futur bébé. La femme enceinte se concentrerait davantage sur elle-même et sur sa future progéniture, et se désintéresserait momentanément du monde extérieur.

Ma vision du repli sur soi. Merci de ne pas déranger. 

Chez certaines femmes, cette transformation physiologique se traduirait par une difficulté à se concentrer et à se souvenir des choses. C’est le cas de Violaine, enceinte de 8 semaines, qui souffre de ce qu’elle appelle avec humour le « syndrome du mono-neurone » :

Moi qui ai tendance à gérer 10.000 choses à la fois, je suis en roue libre totale. Il n’y a plus personne aux commandes. Je suis incapable de me souvenir des recommandations de mon médecin et j’ai des difficultés à me concentrer au travail. Je reste parfois postée devant mon placard pendant 10 minutes avant de pouvoir me souvenir de ce que je voulais cuisiner. Bref, je me sens un peu idiote en ce moment.

La gestation psychique,  un repli sur soi pour mieux accueillir l’enfant

Selon les chercheurs, cette mutation du cerveau permettrait à la mère en devenir de commencer sa « gestation psychique », un travail préparatoire de projection mentale de son bébé et du parent qu’elle voudrait être. Selon les tempéraments, mais aussi parfois sans terrain spécifique, cette étape obligatoire peut être accompagnée de troubles comme l’anxiété, l’hypersensibilité et même la dépression.

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Ah, ces satanées sautes d’humeur hormonales… POURQUOI EST-CE QUE ÇA SENT L’OIGNON PARTOUT ?!

Personnellement, je n’ai jamais été aussi angoissée que pendant ma grossesse. J’avais tout le temps peur pour mon bébé et pour moi, peur de la fausse couche, peur du handicap, puis peur de la prématurité, peur de l’accouchement et de la mort. Je suis d’un naturel anxieux mais d’habitude mon côté optimiste arrive toujours à prendre le dessus. Ça n’a pas été le cas lorsque j’étais enceinte et j’ai passé beaucoup trop de temps à regarder des vidéos de grossesses douloureuses et d’accouchements tragiques sur YouTube. Je n’arrivais pas à me contrôler, c’était infernal.

Bouleversements hormonaux et sautes d’humeur

Chez Magalie, les bouleversements hormonaux liés à la grossesse se sont caractérisés (entre autres) par d’impressionnantes sautes d‘humeur :

Pendant ma grossesse, j’ai eu l’impression de vivre un remake de Dr. Jekyll et Mr. Hide. Je pouvais passer des rires aux pleurs puis à la colère noire en deux minutes chrono. Moi qui suis normalement plutôt zen, je m’agaçais pour un rien. Mes proches en ont un peu souffert et moi aussi. Je ne me reconnaissais plus. Heureusement, tout a fini par rentrer dans l’ordre après l’accouchement.

À l’inverse de nous, d’autres femmes ne se sont jamais senties aussi épanouies qu’en portant un enfant. Laurence, qui a vécu quatre grossesses, considère « ces 36 mois comme les plus magnifiques de [sa] vie » :

J’ai adoré être enceinte, profiter des petits plaisirs égoïstes de la grossesse, attendre les premiers signes physiques, les premiers mouvements du bébé. J’ai savouré cette sérénité permanente, cette paix magique que j’ai toujours ressentie, la confiance en l’avenir, comme si ces bébés étaient porteurs de tout mon bonheur futur, et que rien ne pouvait leur arriver… Un ressenti hyper positif.

La grossesse peut aussi être une parenthèse enchantée

Pareil pour Flora, qui considère sa première grossesse comme une « parenthèse enchantée » dans sa vie de femme :

Une grossesse, c’est un moment suspendu. J’ai beaucoup aimé sentir cette attente et cette bascule, ce temps pour assimiler que la vie ne sera plus jamais la même. Ça a eu un gros impact sur ma confiance en moi, le lâcher prise, même si je suis redevenue tout à fait la même personne quelques mois après la grossesse.

C’était vraiment une belle période, avec ce moment béni du congé maternité, où la société t’accorde le droit et du temps pour te regarder le nombril… Une première grossesse, ça n’arrive qu’une seule fois dans une vie et ça n’a pas de prix.

Reste qu’être enceinte n’est pas toujours un « état de grâce » et que les critiques et expériences mitigées ne devraient plus être taboues. Toutes les Rockies interrogées me l’ont dit : il est grand temps de libérer la parole de celles qui donnent de leur personne (et de leur corps !) pour créer la vie. Et ça tombe bien, parce que ce sera le sujet d’un prochain article sur le mag… Tu as hâte, n’est-ce-pas ?

Et toi, comment as-tu vécu ta grossesse ? Fais-tu plutôt partie de la team « grossesse de rêve » ou de la team « grossesse de l’enfer » ? Dis-moi tout dans les commentaires !


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