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Culture Web

La vraie vie des influenceuses dévoilée par Marion Séclin & Juliette (Coucou les girls)

Dans une vidéo qui s’est hissée dans le top des tendances YouTube, Juliette de Coucou les girls et Marion Séclin discutent des facettes moins connues des métiers d’influenceuse et créatrice de vidéos sur Internet.

Depuis quelques années, les conseillers d’orientation font face à une nouvelle question dont la réponse est loin d’être évidente : comment devient-on influenceur sur Internet ?

Vu de l’extérieur, les vies des stars de YouTube et d’Instagram font rêver des milliers d’ados. Week-ends et voyages tous frais payés, cadeaux de grandes marques, invitations à des événements créés sur mesure… Les influenceurs semblent vivre dans un monde hors-sol, pas loin des standards de luxe des grandes stars américaines.

Proches dans leurs thématiques et leur approche des réseaux, Marion Séclin et Juliette de Coucou les girls se retrouvent régulièrement autour des mêmes opérations commerciales qui leur permettent de gagner leur vie sur Internet.

Plus besoin de présenter Marion, notre stare intergalactique. Marion faisait des vidéos sur Internet et notamment sur madmoiZelle à une époque où Dailymotion était encore hype.

De son côté, Juliette est rentrée dans le biz de l’influence il y a 4 ans en réalisant ses premières vidéos d’humour après une carrière dans la chanson. Elle le raconte en détail dans son entretien d’Histoires de Succès avec Fab.

Une vidéo pour « dire la vérité » sur le métier d’influenceuse

Dans une vidéo postée sur la chaîne de Juliette et qui a atteint le top des tendances YouTube, elles répondent aux questions les plus fréquentes des abonnés sur les métiers autour de l’influence.

Et leur intention est claire, elles la répètent : elles ne souhaitent ni se plaindre ni se victimiser, elles veulent simplement faire connaitre l’envers du décor d’une profession caricaturée.

Et effectivement, les discours « honnêtes » sur la réalité de YouTube, d‘Instagram ou de TikTok ne courent pas les rues. Marion explique :

« C’est un métier vu par la plupart des personnes comme glamour, mais si on venait raconter derrière la manière dont on est contactées, pourquoi on est contactées, les retours qu’on a des communautés qui nous suivent, les gens vont se dire : nan mais attends moi je veux que le glamour, les paillettes ! »

Influenceuse, un métier qui manque de reconnaissance

Directrice de la photographie, cheffe op, scénariste, community manager, commerciale, monteuse, ingénieure son… Sur Instagram, TikTok ou YouTube, les créatrices et créateurs de contenus ont plusieurs casquettes qui demandent une multitude de compétences et un sacré flair.

En parallèle du travail acharné que demande la régularité de publication sur les plateformes, il faut aussi mettre dans la balance un gros facteur chance : malgré leur boulot formidable, certains n’influenceront… jamais personne.

D’autres en revanche parviendront à un tel niveau de notoriété qu’ils atteindront les plateaux télé… qui ne manqueront pas de ridiculiser et minimiser leur succès. Mais ces quelques « happy fews » ne compensent pas pour toute une profession encore largement perçue comme superficielle.

Une partie du manque de reconnaissance des autres professionnels vient, comme le dit Marion, des parcours pas très académiques des influenceurs. Sans diplômes pour appuyer leurs expertises

, autodidactes dans un pays où les certificats officiels jouent encore beaucoup sur les perceptions, les créatrices de contenus peinent à être prises au sérieux.

Au-delà du grand public, pour la presse, la radio et la télé, la création de contenus web n’a que peu de valeur, malgré les audiences astronomiques qu’elle peut toucher.

Il suffit de jeter un œil aux budgets annuels du Centre national du Cinéma et de l’Image animée (CNC) qui a créé en 2017 un fonds destiné à la création web pour voir le décalage dans la reconnaissance professionnelle des vidéastes : alors que le budget du cinéma français annuel représente plus de 300 000 millions d’euros, l’ensemble des créateurs de vidéos web s’arrache 2 millions d’euros par an.

Pourtant, tout n’est pas qu’image dans cette profession. L’influence recoupe une multitude de sujets, de la beauté à la mode (effectivement), en passant par la culture (promo de films, musées, livres) mais aussi des sujets de société.

Quand Marion poste des vidéos féministes, quand Juliette publie des contenus bodypositive, elles participent à l’évolution des mentalités sur des sujets tabous, des idées politiques loin d’être superficielles.

Influenceuse, un métier sous la pression populaire

Si la majeure partie du temps, les retours sur les contenus publiés sont positifs et encourageants, les créatrices et créateurs subissent tout de même les conséquences d’une exposition médiatique dont ils ne maitrisent pas toujours les conséquences.

Entre les shitstorms et dramas, les fausses accusations motivées par les envies de voir chuter des personnes de pouvoir et les commentaires quotidiens sur le physique, le quotidien des personnalités d’Internet compose souvent avec la pression populaire.

Dans le documentaire YouTube : elles prennent la parole réalisé par Léa Bordier et Lisa Miquet pour les Internettes, des créatrices faisaient déjà part, en 2017, des conséquences de cette vie virtuelle qui a des répercussions importantes sur leur santé mentale.

Coincées dans l’attente d’une image publique lisse, les créatrices qui osent faire part de leurs vulnérabilités et de leurs doutes sont alors accusées de « se plaindre » et de « se victimiser », ce qui déclenche même parfois de violentes dynamiques de cyberharcèlement.

Marion reconnait que ces injonctions à la perfection sont parfois décourageantes :

« Quand je suis fatiguée, je me prends systématiquement des réflexions de gens qui disent : ‘t’es pas maquillée ?’. Ça donne envie d’obéir à toutes les injonctions, comme ça tu sais que personne te dira rien. Et le pire, c’est que les gens réussissent quand même à te dire des trucs. »

Marion et Juliette tentent de sensibiliser leurs publics : parce qu’elles sont humaines, évoluent et continuent perpétuellement d’apprendre, elles doivent avoir le droit à l’erreur. Elles rappellent qu’elles ont beau défendre des idéaux, il est parfaitement impossible d’être parfaites.

Ce droit à l’imperfection est une notion importante dans une ère où la réactivité induite par les réseaux sociaux peut rapidement se transformer en harcèlement de masse. Elles clarifient d’ailleurs que prôner la sororité et la solidarité féminine n’est pas synonyme d’être « amie avec tout le monde ».

Influenceuse, un métier différent pour les hommes et les femmes

« Comme dans tous les métiers », les hommes et les femmes ne sont pas traités de façon égale dans le domaine de l’influence.  En 2019, une étude anglophone révélait que les influenceuses gagnaient en moyenne 108 dollars de moins que leurs homologues masculins.

Sur le terrain, la réalité est encore plus perfide que ces statistiques : sur YouTube, les commentaires des spectateurs restent très genrés. Dès qu’elles sortent des sujets dits « féminins », la légitimité des femmes est questionnée et décortiquée. Lorsqu’elles négocient des contrats à la hausse, elles sont qualifiées de « divas » ou de « princesses ».

Elles sont aussi plus sujettes aux remarques sur leur physique : si elles mettent un t-shirt, elles n’en montrent pas assez, si elles mettent un décolleté, ce sont des putes. Ces remarques, la vidéaste Swann Périssé les subit régulièrement sous ses vidéos.

Influenceuse, un métier qui peut très bien payer (quand ça marche)

Pour plein de raisons culturelles et ancrées dans notre Histoire, on n’aime pas trop parler gros sous en France. Et il suffit de jeter un œil à l’arrière plan de cette vidéo pour voir le niveau de vie que le succès peut amener.

Si Marion et Juliette n’ont pas de soucis financiers à se faire et peuvent se considérer comme privilégiées dans cette profession, c’est loin d’être le cas de beaucoup de « wannabe influenceurs ».

Les métiers de l’influence restent un milieu où les opportunités se créent entre certains cercles bien fermés et peu de chanceuses transgressent leur condition de classe de départ pour atteindre un niveau de revenus acceptable.

Alors que la crise du covid-19 a remis sur la table le débat sur la valorisation des métiers essentiels, de nombreux internautes s’étonnent qu’une « meuf qui met du mascara » puisse gagner dix fois plus qu’un « gars qui a fait 5 ans d’école de graphisme », comme le cite Marion dans la vidéo.

Certes, les compétences nécessaires à la création de contenus sur Internet sont encore peu comprises et reconnues. Mais le débat sur la valeur marchande du travail des influenceuses n’en reste pas moins valable. « C’est le monde tel qu’il est aujourd’hui », répond Marion. Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher d’interroger ce modèle et son économie qui, il faut l’admettre, profitent à une minorité privilégiée.


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