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"Photo tirée du film Sex friends. "
Couple

La norme du couple est-elle en train de disparaître ?

Le nombre de célibataires a fortement augmenté depuis 50 ans en France, mais cette réalité statistique ne veut pas dire que les injonctions à être en couple ont disparu, bien au contraire…

Cet été, je suis tombée sur un article rédigé par trois chercheuses de l’Institut national d’études démographiques (Ined) qui m’a passionnée. Intitulé « La vie hors couple, une vie hors norme ? », il se penche sur les expériences du célibat dans la France contemporaine.

Marie Bergström, Françoise Courtel et Géraldine Vivier se basent sur des statistiques récentes et sur des entretiens avec des célibataires pour raconter comment le célibat est vécu et perçu dans notre société aujourd’hui. Et comme on a finalement assez peu parlé de célibat depuis le lancement de Rockie, je me suis dit que c’était une excellente occasion de se pencher sur le sujet !

La multiplication des célibataires

Pendant plusieurs siècles, l’image associée au célibat n’était pas très positive, en témoignent les termes « vieille fille », « vieux garçon » ou « coiffer Sainte-Catherine » pour les jeunes femmes atteignant l’âge canonique de 25 ans sans être mariée.

Heureusement, ces dernières décennies ont vu émerger des contre-discours plus positifs. Des films, des livres ou des médias présentent des images de célibattantes et célibataires épanouis (même si finissant souvent par trouver l’amour, j’y reviendrai…).

Surtout, le nombre de célibataires a fortement progressé ces cinquante dernières années, selon les chercheuses. L’augmentation des divorces et des séparations ainsi que la mise en couple plus tardive des individus, font qu’aujourd’hui, une personne sur cinq âgée de 26 à 65 ans déclare ne pas être en couple. Et une personne sur deux déclare avoir connu au moins une période de vie hors couple d’un an ou plus.

Le célibat est donc devenu très courant aujourd’hui, mais selon l’article de l’Ined, il existe toujours une forte persistance de la norme conjugale.

« Si les résultats dessinent le portrait d’un célibat fréquent, les entretiens montrent qu’il n’est pas pour autant devenu banal. On l’apprécie ou on compose avec, et ce d’autant mieux qu’il s’agit d’une expérience de plus en plus répandue, mais la conjugalité n’en reste pas moins un modèle de vie. »

Le couple, une norme sociale diffuse mais bien présente

Cette norme sociale est peut-être plus diffuse qu’avant — où les divorcé·es étaient par exemple pointé·es du doigt — mais elle continue de s’exprimer de manière insidieuse sur les célibataires à travers les commentaires de l’entourage.

« Quelles que soient leurs caractéristiques sociales, leur histoire conjugale ou leurs aspirations, tous sont ou ont été exposés à de « petites » questions, incitations ou interventions de membres de leur famille, d’amis ou de collègues. Elles leur rappellent que la vie de couple est le modèle à suivre et que le célibat n’est pas supposé durer. »

Si tu es toi-même célibataire, tu vois sûrement de quoi parlent les autrices de l’étude. Des questions en apparence innocentes « Alors, les amours ? », aux remarques non-sollicitées « tu es trop exigeante », en passant par les blind dates

organisés en douce « vous avez tellement de points communs avec Patrick ».

Les chercheuses expliquent ensuite que ces injonctions viennent surtout des femmes de l’entourage (mères, sœurs, tantes, amies…) « peut-être parce qu’elles sont investies d’un rôle social qui les place au cœur de la famille et des liens intergénérationnels ».

Elles notent aussi une certaine asymétrie dans la manière dont ces questions sont posées. Ainsi, les célibataires sont régulièrement confronté·es à la question « alors, toujours seul·e ? », tandis qu’on ne demande presque jamais aux autres « alors, toujours en couple ? ».

La trentaine, un cap difficile à passer pour les célibataires

Cette pression sociale semble plus difficile à vivre à partir de 30 ans. En effet, seuls 22% des célibataires âgés de 30 à 34 ans disent avoir « choisi » leur célibat, contre 46% des femmes au global, et 34% des hommes. Selon l’étude, les jeunes trentenaires ont aussi davantage l’impression que leurs proches cherchent à leur faire rencontrer quelqu’un (56% des 30-34 ans contre 38% de l’ensemble des célibataires).

Les 30-34 ans sont également dans une démarche plus volontariste pour sortir de leur célibat : 44% se sont déjà inscrits sur un site de rencontres contre 27% en moyenne pour les 26-65 ans.

Il faut dire que le pourcentage de personnes célibataires diminue fortement entre 30 et 39 ans, créant chez les trentenaires hors-couple un sentiment de marginalisation. Rien d’étonnant donc, si tu as l’impression que tous tes potes se casent autour de toi à cet âge là : ce ressenti est confirmé par les statistiques.

Image d'erreur

Or, il n’est pas simple d’être célibataire si tout ton entourage est composé de couples. C’est une des dimensions qui ressort des entretiens menés par les trois chercheuses de l’Ined. Elles expliquent que « certains loisirs sont évités ou gérés autrement pour ne pas être exposé à la stigmatisation ou à la gêne associée au fait d’être seul ». Leurs exemples : les départs en vacances, les dîners au restaurant, te parleront peut-être… Les couples et les célibataires vont aussi avoir plus tendance à s’éviter les uns les autres, pour former des cercles amicaux homogènes, aux centres d’intérêts communs.

Un autre point intéressant qui ressort de l’étude, c’est que les personnes n’ayant jamais vécu avec un·e partenaire sont d’autant plus susceptibles de mal vivre leur célibat passé 30 ans. Un certain nombre de trentenaires célibataires interrogés par les chercheuses se demandent ainsi s’ils sont « capables » de vivre en couple. Un peu comme si le fait de s’installer en couple avait remplacé le mariage comme rite de passage à l’âge adulte.

L’ouverture des possibles a renforcé l’injonction à être en couple

Finalement, on a le sentiment qu’une norme a été remplacée par une autre. C’est le paradoxe qui m’a sans doute le plus frappé à la lecture de l’article. Avec la diminution du nombre de mariages et la multiplication des parcours de vie (union libre, PACS, familles recomposées, etc), je m’attendais à ce que la vie célibataire soit devenue une option comme un autre.

Mais d’après les trois chercheuses de l’Ined, cette ouverture des possibles a renforcé plutôt qu’affaibli l’injonction à faire couple. De plus en plus de personnes traversent des phases de célibat dans leur vie, mais on attend d’elles qu’elles se remettent (rapidement) en couple.

« Le couple reste la porte d’accès privilégiée à la parentalité et se trouve fortement associé aux idéaux contemporains du bonheur et de l’épanouissement personnel. Pour les hommes comme pour les femmes, le statut social attaché au célibat est moindre que celui accordé au couple et les périodes de vie hors couple qui jalonnent les parcours s’accompagnent d’incitations réitérées à (re)nouer avec la conjugalité ».

Bref, il reste du boulot pour en finir avec les injonctions afin qu’on puisse tous vivre la vie qui nous convient.

Et toi, tu ressens aussi cette pression sociale à la vie à deux ? Tu as des anecdotes ou une analyse à partager sur le sujet ? Viens en parler dans les commentaires !


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