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Amours

J’avais coupé les ponts avec mon père, mais un coup de fil a tout remis en question

Dix ans après avoir coupé les ponts, le père de Marie est réapparu dans sa vie. Un simple coup de fil est venu remuer un long travail de lâcher prise.

Il y a quelques semaines, je t’ai raconté sur Rockie pourquoi j’ai décidé de couper les ponts avec mon père

Je viens de fêter mes 30 ans et c’est le moment qu’il a choisi pour réapparaître dans ma vie.

Un coup de fil un peu spécial

Avoir 30 ans, ça ne me fait rien. Je ne vis pas ce passage de décennie comme beaucoup de gens autour de moi. Je ne l’attendais pas, je ne l’appréhendais pas et il n’était pas un prétexte pour remettre en question tout ce qui fait ma vie aujourd’hui.

Tout simplement parce que depuis des années, je fais des check-up avec moi-même pour vérifier que je suis bien là où je suis. Et j’ai la chance de pouvoir dire aujourd’hui que je ne rêve pas d’une autre vie.

Mais récemment mon fleuve tranquille s’est agité. J’ai vu en vérifiant mes MP que mon oncle – complètement hors radar depuis plusieurs années – m’avait contacté.

« Bonjour Marie, désolé de faire une entrée intrusive dans ta vie mais serais-tu disponible au téléphone ou par message quand tu veux ? Je comprendrais que tu ne le souhaites pas, mais au cas où. »

Tout mon corps a été traversé par une onde sismique. Ça y est. C’est le jour que j’appréhendais : mon père est mort.

Pendant la demi-heure qui a suivi, en attendant son appel, j’arrêtais pas de penser : cette soirée que tu croyais ordinaire, tu vas t’en souvenir toute ta vie. Du gaspacho de courgettes que tu cuisinais, de la chaleur qui t’étouffait, des vêtements que tu portais.

Dans ma tête, j’imaginais tous les scenarii : est-ce que j’irai à l’enterrement, est-ce qu’on va me demander de payer ses obsèques, est-ce que ma vie va changer ?

Quand mon oncle a prononcé ses premiers mots au téléphone, j’ai retenu mon souffle.

Ma première pensée : ça y est, mon père est mort

Mais immédiatement, il a cherché à connecter avec moi :

« Alors, j’ai vu que t’avais un chouette boulot dans un magazine ? Ça roule pour toi, j’ai vu ton LinkedIn. »

J’étais déstabilisée mais j’ai senti le couperet se relever. On a échangé quelques banalités et il a fini par m’avouer qu’en déménageant les affaires de mon père, il avait trouvé une lettre de ma mère qui racontait tout ce que nous avions vécu.

Il a passé quelques minutes à s’excuser, il était désolé, il ne savait pas tout ce qu’on avait traversé et il comprenait pourquoi nous nous étions éloignés.

Il a continué :

« Voilà, si je t’appelle, c’est parce que ça fait plusieurs semaines que j’hésite à te contacter pour te parler, si tu le souhaites, de ton papa. »

Moi, la dernière fois que j’avais vu mon père, il était salement amoché. Léthargique, les yeux dans le vide, sans énergie. Depuis, je l’imaginais seul et aigri, collé devant sa télé qui déblatère sans jamais s’arrêter.

« Éric vit depuis quelques mois dans une maison partagée avec des valides et d’autres adultes handicapés. Il est très bien là-bas, il fait des sorties, il donne des cours de français à des enfants étrangers et il cuisine en communauté. »

Wow. Je le croyais tellement détruit qu’il en frôlait la mort, mais en réalité, il revit ?

Qui est mon père aujourd’hui ?

Sa description m’a laissée bouche bée, je ne reconnaissais pas l’homme que mon oncle me décrivait. Il m’a dit qu’il était accompagné par une équipe pédagogique, que depuis qu’il s’était installé là-bas il ne buvait presque plus. 

Et que tous les soirs au téléphone, mon père lui demandait s’il m’avait retrouvée. Il insistait parce qu’il espérait me souhaiter mon anniversaire.

« L’équipe qui accompagne ton papa aimerait connaître son histoire. Si tu en as envie et parce que je sens qu’aujourd’hui tu es solide sur tes appuis, je peux la mettre en relation avec toi.

Mais c’est ton choix, tu ne dois rien à personne, sache simplement que cette possibilité existe et qu’elle ne débouchera pas sur une reprise de contact si tu n’en as pas envie. »

Comme je crois que rien n’est immuable et que tout le monde peut changer, le savoir à cet endroit m’a rassurée. Peut-être que lui aussi avait droit à une nouvelle vie, finalement ? Peut-être que dans un environnement sain et stimulant, il pouvait être quelqu’un d’autre ? Je l’avoue, avec ce coup de fil, j’ai commencé à l’espérer.

Quand j’ai raccroché, une question a commencé à tourner dans ma tête : j’attendrais quoi de mon père, si je reprenais contact avec lui ?

Qu’attendons-nous de nos parents ?

Je crois que

c’est une question universelle : qu’attendons-nous de nos parents ? Et quand ils créent plus de souffrance que de joie, pourquoi nous évertuons-nous à conserver un lien avec eux ?

Quelques jours plus tard et après de longues discussions avec mes petites voix internes, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé le responsable de la maison accueillant mon père.

Je n’avais pas d’attente, pas d’autre envie que de lui expliquer qui était le père que j’avais eu. Au bout du fil, j’ai été surprise de tomber sur un jeune homme très doux et paisible. Pendant une heure, il a écouté mon histoire. Enfin, notre histoire.

Puis il a répondu à mes questions : quel homme est mon père dans ce nouvel environnement ? A-t-il arrêté de boire ? Est-ce que ça le fragiliserait, de reprendre contact avec moi ?

Au fil de ses réponses, j’ai compris qu’au fond de moi, j’espérais qu’il ait changé mais que renouer des liens avec mon père provoquera forcément de son côté un choc émotionnel aux issues incertaines.

J’ai beau savoir que je ne suis pas responsable de son bonheur ni de son malheur, je ne veux pas me sentir coupable d’une rechute. Je ne veux pas le rendre triste, en m’écartant de lui si je n’arrive pas à gérer son retour dans ma vie. Je ne supporterais pas non plus que lui me déçoive.

Mettre le curseur sur mes attentes et non plus les siennes, ça a été une sacrée bataille et aujourd’hui, je ne suis pas sûre qu’elle soit dénuée de regrets.

Mais pour la suite, j’ai désormais le choix. Je peux poursuivre mon existence avec ma petite musique de fond mais je peux aussi reconnecter avec mon père sans projeter d’attentes. C’est sans doute ça finalement, ne plus être la « petite fille » de ses parents. 

Et toi, t’es-tu déjà posé la question de reprendre contact avec un membre de ta famille avec lequel tu avais coupé les ponts ? Comment l’as-tu vécu ?


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