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Grossesse

#MonPostpartum : ce qui arrive au corps après l’accouchement

Le hashtag #MonPostpartum libère la parole sur les suites de couches. Des Rockies témoignent de leur expérience avec ce corps qui n’est plus vraiment le même.

Mise à jour du 17 février 2020 : Le 9 février 2020 s’est tenue la 92e cérémonie des Oscars au Théâtre Dolby de Los Angeles. Pour l’occasion, la société Frida Mom, qui vend des produits d’hygiène intime dédiés au post-partum (la période qui suit l’accouchement), avait proposé une publicité au comité des Oscars et à la chaîne ABC. Son spot, jugé « trop graphique avec nudité partielle et démonstration du produit », n’a pas été diffusée.

La marque, choquée d’avoir été silenciée sur le sujet si important (et pourtant si peu abordé) des suites de couches, a donc décidé de partager sa vidéo sur ses réseaux sociaux. Et la réponse ne s’est pas fait attendre : dans le monde entier, des femmes se sont mises à témoigner de leur propre post-partum, étrangement (non) bien éloigné de l’image de plénitude très souvent véhiculée.

En France, Illana Weizman, doctorante en communication et sociologie et autrice, a lancé le hashtag #MonPostpartum, qui depuis a été repris par des dizaines et des dizaines de mères passées par là.

N’hésite pas à aller consulter tous ces témoignages et aussi à lire l’article ci-dessous qui te donnera quelques pistes sur la réalité des suites de couches et sur ce qu’il arrive au corps après l’accouchement.

Article initialement publié le 21 mars 2019 

Ça serait chouette, mais malheureusement, une grossesse ne s’arrête pas au premier cri du bébé. Après avoir créé la vie pendant plus ou moins neuf mois, puis expulsé son petit passager, le corps doit encore passer par plusieurs étapes avant de retrouver un état « normal », proche de celui pré-grossesse. C’est ce qu’on appelle les « suites de couches ».

Certaines de ces étapes, comme la remise en place des différents organes, concernent toutes les femmes qui auront porté un enfant. D’autres, qui découlent de l’accouchement en lui-même, sont plus difficiles à voir venir et dépendent de l’expérience et de l’organisme de chacune. Rassure-toi, il est rare de cumuler l’intégralité des désagréments dûs à l’enfantement et les suites de couches ne sont pas toujours un mauvais souvenir.

Cette période, qui dure entre 6 et 8 semaines, est souvent abordée lors des cours de préparation à la naissance prodigués par les sages-femmes. Mais comme dans bien des domaines, de la théorie à la pratique, il y a tout un monde, et de nombreuses femmes n’ont pas peur d’avouer que, vraiment, elles ne s’attendaient pas à ça.

Les lochies, des pertes de sang abondantes pour nettoyer l’utérus

Dans les heures qui suivent l’accouchement, l’utérus commence à reprendre son volume normal. En même temps, il se débarrasse de la muqueuse qui tapissait l’utérus : la caduque. Les débris de cette dernière sont expulsés en même temps que le sang qui s’écoule de l’espace laissé par le placenta en se décollant. Ces saignements vaginaux, qui peuvent être très abondants, sont appelés les « lochies ».

Les lochies, une allégorie

Mila se souvient d’avoir été surprise par ces pertes sanglantes, le lendemain de son accouchement :

Après une courte nuit, j’ai eu envie de prendre une douche pour décompresser. Je me suis déshabillée, j’ai posé mes affaires sur mon lit et j’ai marché vers la salle de bains. Là, sans que je m’en rende compte, une véritable mare de sang a coulé entre mes jambes.

Passés l’effet de surprise et le moment nettoyage, j’ai enfilé le slip jetable qu’on m’avait fourni et y ai installé tant bien que mal de grosses serviettes hygiéniques hyper épaisses et franchement inconfortables.

Pour mon cas, ces lochies ont duré deux bonnes semaines, même si de retour chez moi j’ai pu utiliser des serviettes classiques, ce qui était un peu moins désagréable.

Les tranchées, ces contractions de trop après l’accouchement

Afin de reprendre sa taille et sa position initiales, l’utérus va se contracter. Ces contractions, appelées « tranchées », surviennent de quelques heures à quelques jours après l’accouchement. Elles peuvent être douloureuses et leur intensité a tendance à augmenter, grossesse après grossesse. L’allaitement, à cause de la sécrétion d’ocytocine qu’il induit, joue aussi sur la vivacité des contractions.

Moi quand on me dit que « quand il n’y en a plus, il y en a encore »

Alexandra, une autre lectrice de Rockie, ne s’attendait pas à ressentir de telles crampes :

J’ai été très surprise de ressentir cette douleur après mon deuxième accouchement. Je n’avais pas ce souvenir pour le premier. La sage femme m’a expliqué qu’on appelait ça des tranchées et j’ai trouvé le terme parfaitement approprié tant ça a été cataclysmique pour moi. Eh oui, parfois, on continue de souffrir même lorsque l’accouchement est terminé !

Hémorroïdes et problèmes intestinaux, la petite surprise post-partum

Dans certains cas, la poussée du bébé peut aussi entraîner certains maux désagréables qui ne se manifestent pas toujours directement après l’accouchement, comme les crises d’hémorroïdes. Katell a eu la joie de le découvrir quelques semaines après la délivrance :

Naïve, je croyais que j’avais eu le ticket gagnant à la loterie et que j’avais échappé aux hémorroïdes, tant pendant la grossesse qu’au moment de l’accouchement. Oui mais voilà, trois semaines plus tard, après avoir passé une nuit le cul en feu et hurlé en allant aux toilettes, j’ai appris qu’elles pouvaient être internes ! Depuis cinq mois, j’enchaîne les cures de suppositoires et j’ai peur que ce soit désormais ma vie.

Le transit peut aussi être un peu ralenti par l’accouchement, et encore plus si le corps a subi une anesthésie. Lors du séjour à la maternité, le personnel médical doit surveiller que l’expulsion naturelle des gaz et des selles se remet bien en place, d’autant plus si la femme a dû subir une épisiotomie.

En parlant de gaz, ça me fait penser à une petite anecdote personnelle… Après mon accouchement, à cause du relâchement du périnée, j’avais beaucoup de mal à retenir mes pets. Je me souviens d’un moment très gênant, deux jours après avoir accueilli mon bébé. Plusieurs de mes amis étaient venus me voir à la maternité, une bouteille de champagne à la main.

Pendant les trente minutes de leur gentille visite, j’ai eu quelques flatulences. J’avais beau serrer tout ce que je pouvais serrer, je n’arrivais pas à les retenir. Mon mari, qui a vite compris mon malaise, s’est donc mis à rire et à parler très fort pour essayer de masquer les bruits. J’étais hyper gênée ! Heureusement, tout est rentré dans l’ordre après plusieurs séances de rééducation périnéale.

L’utilisation d’instruments, un traumatisme pour le corps

Tous les bébés ne glissent pas dans le vagin de leur mère comme sur un toboggan de l’Aquaboulevard. Parfois, pour aider l’enfant à sortir, l’obstétricien/la sage-femme utilise un instrument comme la ventouse, le forceps ou les spatules. Si leur utilisation est sans danger pour l’enfant (les marques qu’ils peuvent causer sur son visage ou sur son crâne se résorbent en quelques jours), leur utilisation n’est pas toujours une partie de plaisir pour la maman.

Pratiqués sous péridurale ou anesthésie locale, ces gestes techniques peuvent abîmer les chairs. C’est ce qui s’est passé pour Elodie :

Après un travail long et compliqué, le médecin m’explique que bébé est dans une mauvaise position et que cela bloque sa sortie. Il me dit qu’il va devoir utiliser des cuillères pour l’aider. Je vois l’outil, mais ne sachant pas comment il fonctionne, je ne m’inquiète pas plus que ça. Je pousse et lui fait osciller la table d’accouchement de gauche à droite violemment. Mon mari était à deux doigts de s’évanouir : d’après ses dires, on a entendu mon bassin craquer très fort.

En plus d’une déchirure étendue et profonde du périnée, l’utilisation des cuillères pour faire sortir mon bébé a causé un énorme hématome. On m’a donné des antalgiques les quatre premiers jours, puis j’ai dû faire sans et ça n’a pas été une partie de plaisir.

L’épisio, le petit coup de scalpel qui laisse des traces

Qu’il utilise un instrument ou non, le praticien ou la praticienne peuvent être amenés à pratiquer une incision pour dégager la tête de l’enfant et faciliter sa sortie. C’est la fameuse épisiotomie. Elle n’est pas systématique mais le médecin peut la juger nécessaire dans certains cas, surtout si le bébé présente des signes de souffrance foetale. Cet acte chirurgical tant redouté ne fait pas mal pendant l’accouchement (le plus souvent, la péridurale ou une anesthésie locale permet d’éviter la douleur) mais la cicatrice peut rester sensible pendant de (trop) longues semaines.

« Couic couic »

Adrienne, une autre lectrice de Rockie, en a fait les frais :

Malgré ce que j’avais demandé dans mon projet de naissance, j’ai dû avoir une épisiotomie. Je poussais depuis presque une heure et ma fille n’avançait plus. La délivrance fut quasi immédiate mais j’en ai bavé pendant deux mois à cause de l’incision.

La première semaine, c’était hyper douloureux. À l’hôpital, on m’a donné du paracétamol et un antispasmodique pour contrôler la douleur. Ma sage-femme, qui est passée me voir à la sortie, a coupé quelques points trop serrés. Ça m’a fait un bien fou. Elle m’a aussi conseillé d’appliquer de la pâte d’argile verte pour soulager les tiraillements. Je la bénis encore car j’ai quand même mis de cette pâte pendant plusieurs semaines.

La césarienne, un acte pas toujours programmé et pas si « confort » que ça

Lors du suivi de grossesse, il est possible que le médecin préconise un accouchement par césarienne s’il estime que la poursuite de la gestation jusqu’à son terme est risquée (prééclampsie, diabète, retard de croissance intra-utérin…). La présentation du bébé ainsi que son poids font aussi partie des raisons pour planifier sa naissance (une quinzaine de jours avant le terme, en général). Parfois, une césarienne non programmée peut aussi être pratiquée au cours d’un accouchement qui était prévu par voie basse, ou bien en urgence, avant même le début des contractions, en cas de risque vital pour le bébé et/ou la maman.

Cette intervention chirurgicale, qui est pratiquée sous anesthésie loco-régionale ou générale en cas d’urgence, n’est pas bénigne pour le corps et les jours qui suivent sont souvent marqués par une grande fatigue physique et de fortes douleurs (et parfois même une vraie détresse psychologique, l’impression d’avoir « raté » son accouchement dans le cas d’une césarienne non programmée).

Cette Rockie, qui a accouché de son premier enfant il y a plus d’un an, s’en souvient comme si c’était hier :

Après 10h de travail, mon bébé commençait à montrer des signes de fatigue. Comme mon col n’était pas assez ouvert pour le faire sortir naturellement, j’ai eu droit à une césarienne sous gaz anesthésiant.

Lorsque je me suis réveillée en salle de réveil, je n’avais pas mal du tout, l’anesthésie faisant encore effet. Mais dès le lendemain, j’ai été très surprise par la violence des douleurs. Je n’imaginais pas que ça puisse faire aussi mal ! J’avais comme une sensation de feu au niveau de toute la partie abdominale. Puis les tranchées s’y sont mises et ça a été la catastrophe. Physiquement comme psychologiquement, j’ai mis de longues semaines à m’en remettre et à pouvoir m’occuper de mon bébé comme j’en avais envie.

La montée de lait, une évolution du corps pour répondre aux besoins du bébé

Après la naissance du bébé, pendant que certains organes régressent, d’autres se développent et s’apprêtent à entrer en fonction pour répondre aux besoins du tout petit : ce sont les glandes mammaires. Pendant la grossesse, ces glandes se sont multipliées, de même que les petits canaux qui conduiront le lait maternel jusqu’au mamelon. C’est la première phase de la lactation, même si les glandes ne commenceront à fonctionner qu’après l’expulsion du placenta.

Vers le quatrième jour après l’accouchement démarre la deuxième phase de la lactation, la fameuse montée de lait. Les seins sont tendus, souvent douloureux, et les veines qui les recouvrent deviennent plus visibles et colorées. Dans certaines maternités, on donne aux femmes qui ne désirent pas allaiter un comprimé pour stopper ce processus, et ce juste après l’accouchement.

Katell, qui avait choisi de nourrir son enfant avec du lait infantile, n’en a malheureusement pas profité :

Dans la maternité où j’ai accouché, on ne donne rien pour stopper la montée de lait. On m’a donc dit de porter un soutien-gorge un peu serré, d’éviter le chaud et de prendre de l’ibuprofène. En gros, je devais tranquillement attendre que ça passe.

Le problème, c’est que trois jours après mon accouchement, mes seins se sont transformés en pierres brûlantes et archi douloureuses. Je souffrais le martyr ! Mes doulas* m’ont beaucoup aidé, elles m’ont appris à masser les plaques dures pour « casser » le lait et à me presser manuellement les seins pour faire de sortir le trop plein sans pour autant déclencher la production. Grâce à elles, j’ai pu éviter plusieurs semaines d’inconfort.

* Une doula est une femme qui accompagne et soutient la future mère et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Tu trouveras plus d’infos sur le site de l’Association Doulas de France

Les suites de couches, un processus physique mais aussi psychologique

Que ce soit pendant ou après l’accouchement, le corps subit tout un tas de transformations pour expulser l’enfant, se remettre sur pied et répondre aux besoins du tout petit qui vient de naître.

Si les chamboulement physiques sont les plus tangibles, le cerveau n’est pas en reste et il doit aussi faire face à de nombreux bouleversements hormonaux. Ce temps d’adaptation post-partum se passe plus ou moins bien selon les individus. Je te proposerai bientôt un nouvel article pour creuser le côté psychologique des suites de couches. D’autres sujets plus spécifiques sur le retour de couches et l’allaitement sont également prévus.

Et toi, quel souvenir gardes-tu de tes suites de couches ? As-tu eu l’impression d’avoir été bien conseillée et épaulée par le personnel médical et tes proches ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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